Minimal, ou l’art du peu

Qu’est-ce que l’art minimal ? Une exposition met en avant ce mouvement né aux Etats-Unis, dans les années 1960, en réaction à l’expressionnisme abstrait et au pop-art. Une économie de moyens, une esthétique épurée et une approche radicale de l’œuvre embrassées par toute une génération d’artistes majeurs. Leur travail est à découvrir à la Bourse de Commerce, à Paris, jusqu’au 19 janvier 2026.

Qu’est-ce que l’art minimal ? Une exposition met en avant ce mouvement né aux Etats-Unis, dans les années 1960, en réaction à l’expressionnisme abstrait et au pop-art. Une économie de moyens, une esthétique épurée et une approche radicale de l’œuvre embrassées par toute une génération d’artistes majeurs. Leur travail est à découvrir à la Bourse de Commerce, à Paris, jusqu’au 19 janvier 2026.

Bourse de Commerce – Pinault Collection, Paris. Dans un monde où tout s’accélère, où les images s’empilent comme les notifications, «Minimal» agit comme une pause salutaire. Imaginée par Jessica Morgan, directrice de la Dia Art Foundation de New York – haut lieu de l’art minimal –, l’exposition est un manifeste silencieux pour ralentir. Plus qu’une esthétique, le minimal devient alors une manière de vivre, une forme d’attention à porter à ce qui demeure quand on a ôté tout le superflu.

Ici, rien n’est spectaculaire. Les œuvres de Robert Ryman, Agnes Martin, Dan Flavin, Nobuo Sekine ou Richard Serra ne cherchent pas à en mettre plein la vue, elles cherchent au contraire à nous la rendre. Une lumière, une corde ou une vibration de surface suffisent à relancer le dialogue entre notre regard et ce qui nous entoure. Chaque geste compte, chaque matière (cire, terre, cuivre ou eau) possède son poids, sa lenteur, sa mémoire. L’économie de moyens n’est pas synonyme de privation, mais de puissance. C’est l’art de faire surgir le sensible à partir de presque rien. 

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Installation à l’exposition Minimal. – ©Bourse de Commerce
On sort de «Minimal» avec un sentiment rare : la jubilation du dépouillement. La joie paradoxale de voir combien la contrainte libère, combien le vide peut être fertile. Le parcours, à la fois précis et ample, évoque la jouissance d’un monde débarrassé de son bruit. On y retrouve une sensualité dans la tension d’un fil doré de Lygia Pape ou dans la chaleur organique des sublimes sculptures de Meg Webster. Dans la salle japonaise, dédiée au mouvement Mono-ha (né à Tokyo au milieu des années 1960), cette sensation s’approfondit encore plus : les artistes y font dialoguer pierre, bois et métal, dans une attention extrême à la matière, à sa présence dans l’espace. Tout y est équilibre, proche de la méditation.

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Lygia Pape, Tisser l’espace. – ©Bourse de Commerce

Ce que l’exposition «Minimal» met en jeu, c’est une autre façon de voir et de sentir. Ce n’est qu’en laissant le temps agir que l’on perçoit les nuances, la démarche des artistes ou la précision d’un trait. Dans cet espace clair et épuré, où la forme s’efface pour laisser place à l’expérience, quelque chose d’essentiel se joue : l’accord fragile entre le regard, la matière et le temps.

«Minimal», Bourse de Commerce – Pinault Collection, Paris 1er. Jusqu’au 18 janvier 2026. Entrée : 15€. Nocturne gratuite tous les premiers samedis du mois de 17 heures à 21 heures.

Plus d’informations : https://www.pinaultcollection.com/fr/boursedecommerce/minimal-0 

Photo d’ouverture : ©Bourse de Commerce

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