Cinq ans et six produits plus tard, Maison/Made décroche le label Demeter, qui garantit la biodynamie, fait rare dans les produits de beauté.
Il y a cinq ans, Carolina Prioglio travaillait dans la production de défilés de mode. Jusqu’à ce qu’un jour ce fut le décor pharaonique de trop dans la poubelle, la bouteille plastique de trop. Elle retourne alors à l’école. Au fond, elle a toujours eu envie de créer sa propre marque et se passionne pour la cosmétique naturelle. Originaire de Buenos Aires, en Argentine, elle est venue à New York suivre son fiancé Adrien de Bontin, admis à la Columbia Business School. Elle commence à étudier la formulation des cosmétiques biologiques, lui, cherche à développer une manière plus juste de créer des produits de beauté.
En tirant le fil, ils comprennent que le sourcing des ingrédients reste compliqué et opaque. « Les plantes changent de main entre dix et quinze fois avant d’atterrir chez le vendeur final. Ont-elles été cueillies à l’état sauvage ou cultivées industriellement ? Dans quel pays ? Par qui ? Impossible d’obtenir ces informations », nous explique Adrien.
Et puis, il y a ce domaine en Bourgogne dans la famille d’Adrien depuis six siècles et son potager à l’abandon. Sans trop y croire, presque machinalement, Adrien y jette quelques graines de calendula, plante réputée pour ses nombreux bienfaits. L’année suivante, il découvre que les fleurs ont poussé. Encouragé, il entreprend avec Carolina de semer un grand nombre de plantes médicinales. Tous deux bêchent et cultivent la terre en biodynamie. Ils l’observent, l’écoutent, ajustent leurs pratiques, n’ajoutent rien d’extérieur. Ils récupèrent les eaux de pluie, désherbent à la main. « On a dû tout apprendre. Jeter des graines dans la terre, c’est une chose, mais ensuite il faut améliorer le rendement et la qualité des plantes. Et affiner les techniques. » Ils ont les terres et les récoltes, il leur faut désormais un laboratoire. Ils réquisitionnent alors leur maison, un trois pièces à StuyTown, quartier bohème à l’est de Manhattan. Du « fait maison », du jardin aux produits finis biodégradables et compostables.
La gamme Maison/Made s’ouvre avec l’Extrait de Maison. Un sérum pour le visage à base d’huiles de graine de jojoba, de baie de sureau, d’avocat et de grenade extrêmement régénératrice. La marque compte cinq produits de plus aujourd’hui. Adrien de Bontin vise une certification Demeter, un label garantissant la biodynamie et délivré le plus souvent aux produits alimentaires, qui leur permettrait d’entrer dans le cercle restreint des dix marques de cosmétiques ainsi certifiées. Trois ans après, l’objectif est atteint. S’alliant pour obtenir les ingrédients qu’il ne cultive pas en direct avec les fermes inscrites dans la même exigence qualité, le couple connaît la provenance exacte, la qualité et la fraîcheur de tous ses ingrédients. Ce qui lui permet de déterminer avec précision son empreinte carbone. Et de l’améliorer en faisant le choix des encres végétales et des fleurs sèches en guise de papier bulle pour limiter la casse, et des séries confidentielles.
Dans une industrie qui produit en masse, Maison Made reste un ovni. « On ne produit que de petits volumes, entre 150 et 200 bouteilles par lot. Ça dépend aussi de la récolte, l’année dernière, on a eu moitié moins de camomille, nous nous sommes adaptés… On ne vendra pas plus que ce que la terre nous donne, la terre et nous sommes en paix avec cela. »
Site web : maisonmade.co