Festival Planches Contact de Deauville : dans l’intimité du festival

Sur la plage, au Point de Vue et aux Franciscaines. A Deauville, ces trois lieux accueillent, jusqu’au 4 janvier 2026, les clichés des 18 photographes du 16e festival Planches Contact. Une édition placée sous le signe de «l’intimité». Parmi eux : Marilia Destot, Julien Magre, Myriam Boulos et Lin Zhipeng (alias n°223). Présentations.

Sur la plage, au Point de Vue et aux Franciscaines. A Deauville, ces trois lieux accueillent, jusqu’au 4 janvier 2026, les clichés des 18 photographes du 16e festival Planches Contact. Une édition placée sous le signe de «l’intimité». Parmi eux : Marilia Destot, Julien Magre, Myriam Boulos et Lin Zhipeng (alias n°223). Présentations.

« L’intimité ». Un thème qui traverse tout le festival Planches Contact de Deauville de cette année. Quatre photographes, chacun à sa manière, plus ou moins directe, plus ou moins métaphorique, nous livrent leur interprétation de ce mot rempli de fantasmes. Rencontre avec Marilia Destot, Julien Magre, Myriam Boulos et Lin Zhipeng (alias n°223), .

Memoryscapes  Marilia Destot

Reconstituer sa mémoire par la photo. Marilia Destot récupère d’anciens clichés, à la temporalité et aux emplacements différents, jusqu’ici inutilisés, pour « leur donner vie » et « fabriquer le paysage » fantasmé du littoral normand. « Un jeu ludique et sensoriel », selon elle.  L’artiste déchire des bandes de photos, puis, par un travail intuitif d’essais hasardeux, elle les agences entre elles et les recolle. « J’ai un lien affectif avec ces photos : je me souviens d’où elles ont été prises, avec qui, à quel moment… Mais il faut accepter de les déchirer pour recréer une nouvelle mémoire du paysage. »

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«Nuit indigo» – ©Marilia Destot

Le résultat est une immersion dans un décor irréel, pourtant familier, et nous plonge dans nos souvenirs et notre nostalgie. « Les formes sont assez ouvertes. On ne sait pas précisément ce que l’on regarde », explique l’artiste qui a voulu laisser libre cours à l’interprétation de chacun.

Les collages originaux sont exposés au Point de Vue et agrandis pour une installation XXL sur la plage.

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«Déferlante» – ©Marilia Destot

Madame S. – Julien Magre
Tombons tout de suite les masques. Derrière Madame S. se cache Sophie de Troubetzkoï, épouse du duc de Morny, fondateur de Deauville. Julien Magre déambule dans la ville et capture les lieux où il aurait aimé la croiser. Prises avec des pellicules périmées chinées dans des vide-greniers, les couleurs des photos sont altérées et ajoutent des allures fantomatiques aux scènes. 

« je suis photographe avant d’être écrivain ! »

Julien Magre

Pensée comme une alliance entre la photo et l’écrit, l’exposition dévoile aussi des lettres que l’artiste adresse à Madame S. tous les jours. Il y décrit ses balades dans la ville – qu’il finira par connaître par cœur à la fin de la résidence artistique –, ses pensées, des anecdotes personnelles… et lui pose toujours des questions, l’invite à se revoir.

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«Madame S.» – ©Julien Magre

Initialement une allégorie de la ville, Madame S. devient la destinataire d’un jeu de séduction. « Sans doute qu’inconsciemment j’écris aussi à ma nouvelle amoureuse », sourit-il. Aucune réponse ne lui parvient évidemment, mais le photographe-écrivain (« photographe avant d’être écrivain ! », insiste-t-il) persiste dans le jeu de dupes, « pour faire croire qu’elle n’est pas morte », qu’il reste quelque chose des débuts de la ville. A minima, une mémoire et des fantasmes.

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«Madame S.» – ©Julien Magre

Still Looking for Tenderness – Myriam Boulos
En plein cœur de l’intimité de la jeunesse libanaise. Myriam Boulos rentre dans les appartements, les voitures… les vies. Et documente de façon inédite l’intimité d’une jeunesse qui évolue dans une société où la guerre est omniprésente.

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«Still Looking for Tenderness» -©Myriam Boulos

« Les fantasmes féminins intérieurs sont diabolisés,
alors que la violence extérieure est normalisée »

Myriam Boulos

Conçue comme un « journal intime collectif », l’exposition engagée pointe du doigt un des grands paradoxes de la société libanaise : « Les fantasmes féminins intérieurs sont diabolisés, alors que la violence extérieure est normalisée », lance Myriam Boulos.

Des photos qui ne pourraient pas être exposées au Liban selon l’artiste parce que le pays interdit l’homosexualité, mais aussi parce qu’elles décrivent une histoire en cours d’écriture.  

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«Still Looking for Tenderness» -©Myriam Boulos

Ce qui s’insinue dans les silences – Lin Zhipeng (n°223)

Des nus dans la rue. Les clichés de Lin Zhipeng (alias n°223) montrent avec sensualité des corps libérés, joyeux, vivants. Ceux de ses amis. « La nudité fait partie de notre vie, de nos relations. C’est quelque chose de naturel, comme dormir ou manger », explique-t-il. 

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«Wings and Roots» – ©Lin Zhipeng (alias n°223)

« Je photographie tôt le matin ou tard le soir, quand il y a moins
de personnes dans l’espace public. »

Lin Zhipeng

Un acte osé et engagé pour ce photographe chinois dont les photos de nudité et de tatouage sont interdites d’exposition dans son pays. « En France, je suis bien plus libre pour prendre en photo ma vie quotidienne intime avec mes amis. » Pour éviter les regards indiscrets ou désapprobateurs, même en France, le photographe travaille tout de même « tôt le matin ou tard le soir, quand il y a moins de personnes dans l’espace public ».

Une rétrospective de ses vingt ans de travail sur l’intime est également à découvrir au Point de Vue.

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1. «Summer Taking Off» – ©Lin Zhipeng (alias n°223)
2. «Dear Knuckles» – ©Lin Zhipeng (alias n°223)

Le festival Planches Contact dure jusqu’au 4 janvier 2026 à Deauville dans 3 lieux : aux Franciscaines (145 B, avenue de la République), au Point de Vue (7, boulevard de la Mer) et sur la plage. Entre 5€ et 13€ l’entrée.

Plusieurs rencontres sont programmées lors du week-end inaugural du 24 au 26 octobre, mais aussi tout au long du festival. 

Plus d’informations : https://planchescontact.fr/#programmation 

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