La chance d’atteindre ses rêves

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C’est l’histoire d’une association qui souhaite offrir aux rédactions la possibilité de porter un nouveau regard sur l’actu. La Chance pour la diversité dans les médias s’est donné une mission : accompagner au métier de journaliste les candidats qui ne sont pas issus des classes favorisées.

« La chance, elle t’abandonne pas. » Cette phrase à double sens qui sonnerait presque comme un slogan, c’est Yannis Angles qui la prononce. Ce jeune Grenoblois veut plus que tout devenir journaliste. Mais quand on débarque avec un bac pro restauration, le chemin est sinueux. D’autant plus quand on vise une profession réputée pour son manque de diversité sociologique. Dans son article « Aux origines sociales et scolaires des journalistes »(1), le chercheur Géraud Lafarge se penche sur les origines sociales souvent favorisées des prétendants au métier. Il constate que « l’héritage culturel familial et les ressources scolaires accumulées au cours de longues études sélectives renforcent l’habitude et la facilité à passer des examens difficiles ». Et donc, à intégrer une école de journalisme prestigieuse et reconnue, dont sont issus 20 % des détenteurs de la carte de presse. En face, les Yannis n’ont qu’à bien se tenir. Mais heureusement, « La Chance, elle t’abandonne pas. »

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Osei Agyemang – Patrick Danino

Créée en 2007, cette association a vu le jour sous l’impulsion d’un groupe de jeunes journalistes du CFJ (Centre de formation des journalistes), constatant le manque de diversité criant au sein des rédactions nationales. Décision est prise : ils font la tournée des facs de banlieue et recrutent douze candidats, qu’ils préparent aux concours tous les samedis. Ce collectif, pas encore organisé, prendra finalement la forme d’une association structurée en 2012 avec David Allais, devenu directeur de l’association. Soutenue aussi par le dispositif La France s’engage, la fondation créée par François Hollande, l’équipe déploie son offre.

Un tiers des candidats retenus

Quatre-vingt-dix élèves bénéficient chaque année de cette prépa pas comme les autres sur tout le territoire. « Tous les élèves de La Chance sont soit boursiers, soit porteurs d’un handicap », détaille David Allais. « Ils doivent présenter un dossier retraçant leur parcours et leur motivation. Un tiers des candidats est retenu. » Comme les concours aux écoles demandent un niveau bac+3 minimum, Yannis a cravaché : après une année de césure post-bac pour prendre des cours particuliers de français (« Ma première dictée, j’ai eu -40 ! », se souvient-il), il intègre une licence en droit. « J’ai choisi stratégiquement cette voie en me disant que personne n’aurait l’avantage sur moi, puisque c’est une matière qui n’existe pas au lycée. Et là, j’ai découvert qu’il fallait travailler en permanence, c’était infernal. » Mais quand on est motivé, on déplace des montagnes : Yannis a décroché son sésame en trois ans, sans jamais redoubler.

Un diplôme qui lui a permis de postuler à La Chance, où chaque élève est accompagné d’un tuteur, un journaliste bénévole qui l’épaule de novembre à juin. Au programme : près de deux cents heures de cours. Des conférences thématiques, des ateliers d’écriture, des cours théoriques et pratiques de journalisme, de culture générale et d’anglais, la visite de rédactions, en plus du suivi individuel avec le tuteur. Et surtout, un groupe très soudé : « Nous sommes sept à Grenoble, précise Yannis, et l’entraide est permanente, on est fusionnels ! » Aujourd’hui, Yannis s’apprête à passer l’oral de l’école de journalisme de Marseille. Il croise les doigts très fort, « mais je rempilerai s’il le faut ». Dans tous les cas, il sait qu’il peut compter sur cette nouvelle famille : « Le directeur dit toujours que La Chance, c’est l’école des gens qui n’ont pas de réseau. » Et qui désormais, peuvent compter sur les anciens, dont 80 % travaillent dans le journalisme, pour les aider à gommer ce vilain syndrome de l’imposteur et à trouver leur place dans un métier qui a besoin de leur regard.

(1) sms.hypotheses.org

1. L’atelier radio.

2. Promotion 2023.

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