Il permet d’entendre des sons imperceptibles. A la Tate Britain ou au Palais de Tokyo, Antoine Bertin expose des créations inédites, basées sur des données sonores a priori intangibles, qui créent des expériences sensorielles, des moments immersifs et méditatifs, explorant nos relations avec le monde vivant. Pour percevoir l’intangible, il imagine le Projet 333 Hz, qui sonorise et matérialise la déforestation à l’aide d’un métronome martelant différentes variétés d’arbres, à mesure qu’elles disparaissent. Pour lui, l’art est la clé de la situation écologique. Mi-artiste mi-activiste, ce Parisien de 38 ans, qui se définit comme un amoureux du vivant, a d’abord été intéressé par la physique, puis par l’ingénierie sonore. Finalement, il se tourne vers l’art visuel et sonore, car il veut surtout rendre palpables les grands enjeux de l’époque, maintenus loin de nous. Il en est convaincu, injecter de la poésie dans les récits scientifiques permettra de les rendre appropriables. Et de se mettre au niveau d’un des grands maux de la société : la crise climatique. Agir. « Les scientifiques ont souvent peur du sensible, car ils pensent que cela peut amoindrir leur objectivité, alors que ça concrétise leur approche, la rend plus sociale. » Et pour ne jamais perdre de vue l’impact du dérèglement climatique, il va sur le terrain avec Greenpeace ou la Fondation Tara Océan pour capter les sons des eaux glacées de l’Atlantique. « Rejoindre une organisation plus grande est le seul moyen d’être vraiment engagé. » Mais ses œuvres permettent de nous faire ouvrir les yeux.
Site web : studioantoinebertin.com
